vendredi 25 janvier 2008

1918

"Le général Ludendorff... n'était pas un Napoléon inspiré (cette guerre n'en connut dans aucun camp) mais un organisateur et un administrateur, un technicien ... consciencieux, infatigable et brutal."
Sébastien Haffner, Allemagne 1918 - Une révolution trahie, éd. Complexe, Bruxelles, 2001, p. 27.
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Depuis la guerre 14, l'humanité s'est encastrée - fait castrer - dans le moule inhumain de la technique triomphante, de la gestion triomphante, de l'organisation.
C'est le règne de la brutalité dans la 'civilisation la plus haute' autoproclamée.
C'est l'ère de la "brutalisation du monde".
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Après Ludendorff vint Eichmann qui, lors de son procès à Jérusalem, révéla qu'il était une fourmi sans esprit - comme des millions d'autres, de part et d'autre des frontières -, qu'il avait totalement intégré l'idée - fausse - qu'il n'était qu'un maillon d'une chaine qui devait tenir à tout prix: il n'est pas question d'être 'mailloin faible' - celui qui tergiverse, qui ose penser (le con) - : les ordres devaient être exécutés sans faiblir - c'est ça la virilité. Toute sa vie devait être engagée dans ce combat ( ne pas être celui qui rompt la chaine). Il n'y avait plus d'autre biotope.
Hannah Arendt a été vouée aux gémonies par nos grands esprits quand elle a dit avoir vu là l'extrême banalité du mal.
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Allez voir - si votre connerie vous en laisse le temps - cette "prison experiment" qui en dit beaucoup sur moi, sur toi: voilà là moi en bourreau, voilà là moi en détenu détaché de toute humanité. C'est si vite arrivé, hier, aujourd'hui, demain - encore² et encore². Là-bas, ici, si près de nous.
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