jeudi 1 novembre 2007

L'ange rencontre la chair sans attendre

Il faut que je vous explique. D'abord cette femme superbe - une apparition - apparait brusquement dans l'encadrement de la porte, comme un diable sorti de sa boite (remarquez son regard conquérant bien que féminin). Sa chevelure suggère une victoire assurée. Ensuite, nous la voyons de dos qui s'avance d'une démarche mal assurée, les bras pas ballants - qui l'empêchent d'onduler séductrice - , cette robe rouge de laine qui ne lui est pas si seyante de dos en tout cas. Bref on la sent faible malgré cette entrée en force. Puis tout ce dialogue en allemand qui coule comme une longue psalmodie rocailleuse - bien que féminine -, une prière attentive où le respect mutuel frise l'immobile. Nous pénétrons dans l'amour. L'amour. Celui qui, de la contemplation, offre toute ma profondeur au monde, une communion, comme une union. Plus le sentiment d'être de trop, ni de trop peu. Rare moment où suffisant, je jouis du calme. Les acteurs de ce film sont Bruno Ganz (qui jouera Hitler dans Der Untergang) et la défunte Solveig Dommartin (son nom dans le film: Marion). Vous vous souvenez tous que Peter Falk (l'acteur qui joue Columbo) incarne dans ce film son propre personnage (il joue Peter Falk tournant un film à Berlin). Il se révèle être lui-même un ancien ange. Toute la beauté de ce film, c'est que les anges (Bruno Ganz et Peter Falk) ne sont pas déchus. L'un (Bruno Ganz) tombe amoureux de Marion. Il est descendu sur la terre parce que l'amour l'attirait. Là il ressentait le plaisir de la vie. Peu lui importe si elle est marquée par une fin inéluctable, enfin la fin de la chair et des os, enfin apparemment quoi. Toute une autre beauté du film c'est qu'il se déroule à Berlin Ouest (avec une petite incursion de l'ange à Berlin Est), en 1987. Quand on y pense, c'était une époque merveilleuse.

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