dimanche 30 septembre 2007

Tohu Bohu

André Gorz,

Le dernier livre d'André Gorz, Lettre à D., curieusement sous-titré (il a dû être poussé dans le dos par son éditeur - tant pis si je me trompe, je suis le roi des connards -<voir ci-dessous>) Histoire d'un amour (Galilée, 2006).
Il écrit à propos de l'automobile: "la motorisation individuelle ... choix politique exécrable qui dresse les individus les uns contre les autres en prétendant leur offrir le moyen de se soustraire au lot commun" (p. 60).
Gorz fait partie de ces 'oiseaux rares de mauvaise augure' qui disent trop la vérité. Il cite Jacques Ellul et Günter Anders, ses frères.
ParenthèseTu fais partie de ces frères. je lis dans ton Une année d'enfance, au moment où vous atteignez Vezelay, "La voiture est le sommet du gaspillage de l'espace public et un puissant levier d'exclusion sociale" (Tapuscrit, p. 49).
Je me souviens justement avoir monté en famille la butte de Vezelay à pieds sous une lourde canicule. Nous arrivions au sommet, nous sommes entrés dans cette nef fraiche et calme. Quel réconfort! Puis en sortant nous voyons s'approcher une lourde 4X4 aux vitres fumées avec de larges pneus et d'épais ventilateurs. Elle passe devant nous, vrombissante de climatisation, toutes fenêtres fermées et s'en va (il faisait trop chaud pour mettre un pied dehors)! Quel délire, je me suis dit. Nous sommes allés nous attabler à une petite échoppe où nous avons bu un verre à prix d'or avec d'autres quidams, simplement.
Retour à GorzIl donne la plus belle définition de l'amour dans un couple: "en me donnant Toi, [tu] m'as donné Je." (Lettre à D., p. 59) ça veut dire "en te donnant à moi, tu m'as permis de devenir moi-même". Je suis né à moi dans des circonstances proches, assurément.
Ailleurs: "C'est cela: la passion amoureuse est une manière d'entrer en résonance avec l'autre, corps et âme, et avec lui ou elle seule. Nous sommes en deçà et au-delà de la philosophie." (P. 30). J'aime bien cette insistance sur la singularité de l'amour, son exclusivité. Ailleurs encore, il rappelle les mots de sa femme: "Si tu t'unis avec quelqu'un pour la vie, vous mettez vos vies en commun et omettez de faire ce qui divise ou contrarie votre union. La construction de votre couple est votre projet commun, vous n'aurez jamais fini de le confirmer, de l'adapter, de le réorienter en fonction de situations changeantes. Nous serons ce que nous ferons ensemble." (p. 22)

samedi 29 septembre 2007

Abonde, abandonne


La meilleure prise, c'est l'abandon.
J'y suis.
Passionnément.
Tu veux dire quoi?
J'abonde.
Je m'abandonne.

mercredi 26 septembre 2007

Prisonain

Je me sens pas libre.
Le temps file entre mes doigts et rien ne se passe.
Je me sens pas libre.
Le temps passe et je n'achève rien. Je suis prisonnier.
Je me sens pas libre.
Je suis prisonnier de mon ennui.
je me sens libre, là-bas, libre de m'envoler, mais pourquoi seul?

dimanche 23 septembre 2007

Amour sacré de la justice

L’injustice existe depuis que la société existe.

Aucun de nos progrès n’a apporté la justice.

Aucune révolution - c’te blague ! - ne l’a accomplie.

Juste l’une ou l’autre bloodshed au nom de la justice.

Nous nous en plaignons sans reconnaitre que cette injustice, nous en sommes la cause,
chacun à notre manière.

samedi 22 septembre 2007

Les nains de l'automne bercent mon coeur d'une langueur monotone

Les nains vont remplir leurs cruches pour l'hiver.Ils en ont du travail, les braves.Mais ce sont de vaillants garçons.Rien ne les retient, que le bonheur de leurs familles.
Ce bonheur est toujours à faire, lui, sa cruche et ses enfants, seront toujours à l'oeuvre, jusqu'à la fin. Pas seuls, bien sûr, pas seuls.

dimanche 16 septembre 2007

L'histoire m'était contée

Il faudra que vous m'aidiez.
L'histoire de cet enfant kosovar. Son prénom? Mériton, il a neuf ans.
Il était triste, pourquoi encore? Il n'avait jamais osé croire être aimé.
Dix ans passent.
Il est devenu très riche en écrivant son histoire sous les bombes à Pristina. Il a eu beaucoup d'admiratrices qui ont cédé à ses charmes. Il a alors pu dire avoir aimé.
Il a notamment une amourette avec Anne-Marie-Charlotte. Il la quitte rapidement car il ne croyait pas être aimé.
Pourtant, il a deux enfants d'elle, des quarterons.
Quinze ans passent.
Un jour ces deux enfants viennent toquer à sa porte, il est surpris mais les aide à trouver ce qui est devenu leur quête: un nain unique de jardin botanique en pierre précieuse. Il se trouve au Kirghizstan et pour aller le chercher il faut aller en avion.
Il les accompagne à l'aéroport de Bruxelles-Sud et leur paie le billet. Il se dit téléphonons à Anne-Marie-Sophie pour dîner avec elle (il se dit : "je me sens seul"). Il mange avec elle une fricadelle. Il se rend compte qu'il ne l'aime pas. Il préfère croire l'avoir aimé.
Là bas, ses enfants rencontrent le sultan du Douroum qui leur donne des adresses pour trouver le nain. Ils rencontrent également deux ravissantes jeunes filles, les filles du sultan, qui s'appellent Adèle et Frica. Ils tombent amoureux et partent avec elles à la quête du nain précieux.
Mais hélas, ils se font kidnattraper.
Meriton est averti, on lui demande une rançon. Il appelle Anne-Marie-Charlotte et ils partent ensemble en avion chez le sultan.
Là bas, ils visitent la propriété du sultan et se rendent compte que c'est très beau. Seulement, devant une curieuse tenture qui représentait un nain et une cruche (quel assemblage incongruche), Mériton a la puce à l'oreille. Le sultan est médusé. Meriton a tout compris. Il arrache la tenture et derrière: une porte. Il l'ouvre et découvre ses deux enfants, assis autour d'une table en train de boire une limonade avec Adèle et Frica.
Ils s'embrassent, ils s'embrassent. Le sultan est arrêté. Il va en prison. Meriton prend possession du palais du sultan avec Anne-Marie-Charlotte. Il écrit un nouveau livre à succès et le termine par ces mots sublimes: "J'ai osé croire avoir aimé vivre".

lundi 10 septembre 2007

Life is a game

Voici la règle : on prend deux dés, pipés en règle.

On part se promener tous ensemble.

Le chemin est parsemé de stations.

A la première station, le premier tire une séquence de verbes dans la liste Ci-dessous (verbiage). Il faut jeter deux fois le dé.

A partir de ces verbes, imaginer une action, un récit, un comte, un conte, un mécompte, un discours, une division multiple, bref, quelque chose à nous raconter/montrer/faire sentir/faire voir (durée maximale : 3X60secondes) (c’est très cours).

Chaque station, c’est un autre et une autre série de verbes qui est tirée au sort (au hasard des dés). Et c’est la suite du récit, du mécompte, qui nous est contée/ mimée/ jouée/ dansée/ illusionnée/ ventriloquée/ postillonnée/ philosophée/ soliloquée… au choix.

Après la dernière station, oh ! Miracle !

On est retour à la case dé-pipé-de-part et c’est l’heure de l’apéritif.

Et le récit on le met en veilleuse.

Pendant l’apéritif, chacun invente la fin happy end/ ilssemarièrentetheureuntpleindenfants/ ellerentraaucouventetluiaubordeltoutelanuitpours’enremettre …

Le fil conducteur : débrider l’imagination du fond des gouffres de notre confort trop comme ci comme ça.

Liste de verbes : Cliquez ici -> verbiage

Longue vie à l'ANC

Nain Conain du Bénain et Nain Broglio
Consultants
Fermés le lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi
Dimanche c’est jour férié, pas de chance, on va à la messe
au cdH
34 rue du
http://ravissement.blog.lemonde.fr
1040 http://nainzetcruches.blogspot.com

dimanche 9 septembre 2007

Enigmatique singulier

Qui suprend la découverte de l'homme comme une énigme? Mieux encore,
Qui s'étonne que nous soyons entourés d'énigmes (peut-être même remplis d'énigmes, mais je laisse la question ouverte - est-ce là la question?)?
L'homme est une énigme. Masculin ou féminin il intrigue et c'est heureux. La question n'est pas post-moderne. Elle est présente et actuelle.
Qu'est-ce que la post-modernité, sinon ce sentiment d'être allés trop loin, de se situer au-delà des contrées cadastrées et balisées par l'intelligence, égaré (Cornelius Castoriadis, Le monde morcelé, Les carrefours du labyrinthe, III, Seuil, La couleur des idées, 1990, p. 11 à 24: "L'époque du conformisme généralisé").
A moins que la post-modernité soit la reconnaissance paisible de notre énigmatique singularité. Pas une singularité pesante, mais une singularité débordante. Je veux dire une singularité qui sans fin déborde le cadre dans lequel on voudrait la faire entrer, la caser, la ranger. Nous ne sommes pas faits pour être rangés. Point c'est tout.

jeudi 6 septembre 2007

Verbiage

........... Croire croire..........

........... Aimer aimer...........

........ croire être aimé......

........ Aimer être cru.........

....... Aimer être aimé........

........ Croire être cru.......

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

..... croire avoir aimé .......

...... aimer avoir cru .......

...... avoir cru aimer .........

...... avoir aimé croire ........

... aimer avoir cru aimer ....

..... croire avoir aimé ........

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

....... Penser penser .........

......... Penser aimer .........

..... penser être aimé ........

....... aimer penser ...........

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

....... aimer vivre .............

...... aimer avoir vécu ........

......... vivre aimant .........

......... aimant vivre ..........

...... vivre ayant aimé ........

...... avoir vécu aimé ........

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

........ croire vivre .............

..... croire oser vivre .........

..... oser croire vivre ........

.... vivre l'oser croire ......

...... avoir cru vivre ..........

.... croire avoir vécu ........

.... croire être vivant .......

.. avoir osé croire vivre ......

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

.... avoir cru croire vivre ...

..... avoir cru voir croire ....

.......... voir croire ...........

....... avoir vu croire ........

...... vivre étant cru ........

.... croire avoir vu vivre ....

=~=~=~=~=~=~=~=~=~=

..... croire avoir vécu ......

........ finir par vivre............

....... vivre de finir............

.... finir de croire vivre.........

....... finir par croire .........

......... finir d'écrire .............

........ écrire de finir............

....... vivre d'écrire 'fin'.........

........ vivre et écrire ...........

........... écrire 'fin" ............

.............. FIN .................

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

lundi 3 septembre 2007

Pour un catastrophisme éclairé

Un ami attirait mon attention hier soir sur le fait que le drame de notre terre, ce n'est pas tant ce temps passager où l'homme est proprement ordurier avec la nature qui lui est confiée, qu'il la transforme en dépotoir, qu'il la détruit actuellement.
Le drame, c'est que la terre ne pourra, me disait-il, pas s'en remettre. Ou pire encore, que si elle peut s'en remettre, ce sera seulement dans 10.000 ans, 20.000 ans.
Qui sait combien est lourde la dette que nous avons constituée par notre comportement de fils prodigues qui dillapident sans le moindre once de sens de notre responsabilité la richesse infinie de cette nature?
Ce titre de Jean-Pierre Dupuy (Pour un catastrophisme éclairé) est intéressant: nous sommes dans une catastrophe dont nous sommes les auteurs, adultes et responsables. Mais ceux qui osent le dire, ceux qui osent le voir sont si rares.
I
l n'est pas question de culpabilisation ni de dolorisme, il est seulement question de clairvoyance et de responsabilité.